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Cavalli, les Noces de Thétis et Pelée, que le maître de chapelle lui avait emprunté les idées les plus sublimes de ses œuvres immortelles, au point qu’il lui en revint certains horions et, qui pis est, presque des coups de couteau.

« Il est encore possédé de la manie de chanter, et, dans ce but, il tourmente une méchante guitare fêlée pour qu’elle soupire et gémisse à l’unisson de ses glapissements affreux. Son fidèle Pylade est un pauvre eunuque, une espèce de nain contrefait, et qu’on appelle dans Rome Pitichinaccio. À ces deux personnages se joint… qui pensez-vous ? eh bien, personne autre que le docteur Pyramide, qui rend des accords comme un âne mélancolique, et s’imagine néanmoins qu’il chante une excellente basse à défier Martinelli de la chapelle papale. Ces dignes concertants se réunissent tous les soirs, s’installent sur le balcon, et chantent les motets de Carissimi, de telle sorte que tous les chiens et tous les chats des alentours éclatent à l’envi en cris lamentables, et que les hommes souhaitent, mille fois pour une, le trio infernal à tous les diables.

« C’est chez ce maître fou, signor Pasquale Capuzzi (sur qui ces détails vous en ont suffisamment appris), que mon père avait un libre accés, parce qu’il lui accommodait sa perruque et sa barbe.

« Après sa mort, je pris le métier, et Capuzzi était enchanté de mes services, d’abord parce qu’il trouvait que je m’entendais mieux que personne à retrousser finement sa moustache, et surtout probablement, parce que je me contentai pour salaire