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malicieux. Ont-ils seulement une fois mangé deux pincées de maccaroni de trop, ou bu un verre de vin de Syracuse de plus qu’il n’est convenable, il sait les amorcer dans ses filets, il leur endosse tantôt une maladie, tantôt une autre qu’il a soin de baptiser d’un nom prodigieux, et puis il traite et guérit d’estoc et de taille. Pour prix de la cure il se fait promettre un tableau, et le recueille d’ordinaire dans la succession du pauvre peintre étranger qu’on a été ensevelir à la Pyramide de Cestius : car il n’y a que des tempéraments solides et opiniâtres qui osent résisterà ses remèdes corroborants. L’enceinte funéraire voisine de la Pyramide de Cestius, voilà le champ qu’ensemence et cultive diligemment le docteur Splendiano Accoramboni, et c’est pour cela qu’on l’appelle le docteur Pyramide. — Dame Catterina avait, par surcroît, fait entendre au docteur, assurément dans un but louable, que vous aviez apporté à Rome un tableau superbe, et maintenant je vous laisse à penser de quel zèle il élaborait vos breuvages. Par bonheur pour vous que dans le délire de la fièvre vous avez jeté au docteur ses bouteilles à la tête, par bonheur encore qu’il vous a délaissé dans sa colère, et par bonheur enfin que dame Catterina a fait venir le père Bonifacio pour vous administrer les sacrements ! car elle vous croyait arrivé à l’agonie. Père Bonifacio, qui s’entend un peu en médecine, jugea parfaitement bien votre état, et il me manda… — De sorte que vous aussi êtes médecin ! demanda Salvator d’une voix basse et dolente. — Non, répondit le jeune homme dont