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non pas en danger de mort, et des remèdes simples, ordonnés à propos, avec votre nature vigoureuse, vous auraient en peu de temps remis sur pied, si, par la maladresse de Carlo, qui, dans la meilleure intention du monde, courut tout de suite chez le médecin le plus voisin, vous n’étiez tombé entre les mains de ce maudit docteur Pyramide, qui prenait toutes ses mesures, ma foi, pour vous expédier dans l’autre monde.

« Quoi ! s’écria Salvator en riant de tout son cœur, malgré son peu de force, que dites-vous ? du docteur Pyramide ?… Oui, oui ! oh, tout malade que j’étais, je l’ai bien vu ce petit bout d’homme enveloppé de damas qui me condamna à cet infâme breuvage d’enfer. Il portait sur sa tête l’obélisque de la place de Saint-Pierre, et c’est pour cela que vous l’appelez le docteur Pyramide.

« Dieu du ciel ! dit le jeune homme en riant pareillement de toutes ses forces, c’est donc que le docteur Splendiano vous a apparu dans son bonnet de nuit sous lequel on le voit chaque matin resplendir à sa fenêtre, sur la place d’Espagne, comme un météore de mauvais augure ! mais ce n’est nullement à cause de ce bonnet qu’on le nomme le docteur Pyramide, il y en a une toute autre raison. Le docteur Splendiano est un très grand amateur de tableaux, et il en posséde en effet une collection parfaitement bien composée qu’il s’est procurée par un procédé tout particulier. — Il tend des pièges aux peintres et abuse de la maladie contre le malade. Les artistes étrangers sont surtout l’objet de son zèle