le malade, puis dame Catterina, et prenant la vieille à part : « Voilà, dit-il à voix basse, voilà le brave peintre Salvator Rosa malade à la mort chez vous, dame Catterina, et il est perdu si mon art ne le sauve. — Dites-moi un peu, depuis quand est-il arrivé chez vous ? a-t-il apporté avec lui beaucoup de beaux grands tableaux ?
« Ha ! mon cher docteur, répliqua dame Catterina, ce n’est que cette nuit que mon pauvre fils est entré ici, et, quant aux tableaux, je n’en sais rien encore ; mais il y a en bas une grande caisse dont Salvator m’a recommandé d’avoir bien soin avant qu’il perdît connaissance comme vous le voyez à présent. Peut-être bien qu’elle renferme emballé quelque joli tableau qu’il aura peint à Naples. » — Ceci était un mensonge que faisait dame Catterina : mais nous apprendrons bientôt quel bon motif elle avait pour en conter de la sorte à monsieur le docteur.
« Ah !… » fit le docteur, en souriant et en se caressant la barbe ; puis il s’approcha du malade de l’air le plus grave qu’il put se donner avec sa longue rapière qui s’accrochait aux chaises et aux tables, lui prit la main et tâta son pouls, en soufflant et en aspirant de manière à produire un effet étrange au milieu du silence profond et religieux qu’observait tout le monde. Puis il énuméra, par leurs noms grecs et latins, cent vingt maladies que Salvator n’avait certes pas, ensuite presqu’autant d’autres qu’il aurait pu avoir, et conclut en disant qu’il ne saurait, en vérité, désigner, au juste pour le moment, la maladie de Salvator, mais qu’il lui trouverait sous peu