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noncé à toute communauté avec lui. Il faut que vous sortiez de chez moi. Votre demeure vous est préparée depuis longtemps. Vous irez coucher dans la prison du château, et là, vous ferez votre métier de sorcier à votre aise. » Alors Trabacchio pleura beaucoup, il supplia Andrès, au nom de tous les saints, de le garder chez lui ; et le petit Georg, sans comprendre ce que tout cela signifiait, joignait ses prières aux siennes. « Eh bien, demeurez encore un jour ici, dit Andrès, nous verrons demain, à mon retour de la chasse, comment se passera l’heure de la prière. »

Le lendemain il fit une superbe journée d’automne, et Andrès se promit un riche butin. Il ne revint de l’affût qu’à la nuit close ; mais il se sentait ému d’un trouble profond et indéfinissable. La fatalité de sa destinée, le souvenir de Giorgina, l’image de son enfant assassiné frappèrent si vivement son esprit, que sa marche, ralentie par la méditation, le laissa beaucoup en arriére des autres chasseurs, et il finit par se trouver absolument seul, à demi-égaré dans un sentier de traverse de la forêt. Il songeait à regagner la route principale, quand une lumière éblouissante, qui flamboyait à travers l’épaisseur du taillis, vint frapper ses yeux. Il fut aussitôt saisi du vague et étrange pressentiment de quelque nouvelle atrocité. Il se fit jour à travers le fourré, il fut bientôt tout près du foyer. Là, il reconnut la personne du vieux Trabacchio avec son manteau brodé d’or, la rapière au côté, le chapeau retroussé avec une plume rouge sur la tête, et sa cassette aux médica-