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chait à sa fin, et Andrès allait plus souvent que jamais à la chasse. Le petit restait ordinairement auprès de son grand-père et d’un vieux garde-chasse qui était initié au secret. Un soir, Andrès était de retour de la chasse, lorsque le vieux garde entra, et lui dit avec sa brève franchise : « Maître, vous avez un mauvais compagnon dans la maison. L’esprit malin, Dieu nous garde ! vient le visiter par la fenêtre, et disparait en fumée et en vapeur. » Andrès, à ces mots, se sentit comme frappé de la foudre. Il n’eut pas de peine à deviner ce qui se passait, quand le vieux chasseur ajouta que, depuis plusieurs jours, à l’entrée de la nuit, il avait entendu, dans la chambre de Trabacchio, des voix étranges qui semblaient disputer ensemble, et que ce soir-là même, pour la seconde fois, il avait cru voir, en ouvrant à l’improviste la porte de Trabacchio, une figure, affublée d’un manteau rouge chamarrée d’or, s’envoler brusquement par la fenêtre.

Andrès, plein de colère, monta chez Trabacchio, et se plaignit amèrement sur tout ce qu’il venait d’apprendre, en lui disant qu’il pouvait s’attendre à être enfermé dans la prison du château, à moins qu’il ne renonçât absolument à toutes ses manœuvres. Trabacchio, sans se déconcerter, répliqua d’une voix dolente : « Ah ! bon Andrès, il n’est que trop vrai que mon père, pour qui l’heure du repentir n’est pas encore venue, me tourmente et m’obsède d’une manière inouie. Il veut que je redevienne son associé, et que je renonce indignement au salut de mon âme ; mais j’ai résisté avec fermeté, et je ne