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obéir aveuglement à son père, garda strictement le secret.

Cependant Andrès voulut savoir de Trabacchio s’il était en effet le père de Giorgina. Trabacchio lui répondit qu’il l’était assurément. « Dans les environs de Naples, dit-il, j’avais enlevé une jeune fille charmante, qui m’en rendit père. Tu dois savoir à présent, Andrès, qu’un des secrets les plus merveilleux de mon père consistait dans la préparation d’un élixir précieux, dont le principal ingrédient est le sang du cœur d’enfants âgés de neuf semaines, de neuf mois, ou de neuf ans, et qui doivent être confiés volontairement au préparateur par leurs parents. Plus les enfants touchent de près à l’opérateur, plus efficace est le spécifique qui a la vertu de rajeunir à perpétuité, et même d’opérer la confection de l’or artificiel. Voilà pourquoi mon père tuait tous ses enfants. Et moi, j’étais bien aise de pouvoir sacrifier de cette manière infâme, à de semblables spéculations, la petite fille que ma femme m’avait donnée. Je ne puis pas encore comprendre de quelle manière celle-ci eut le soupçon de ma mauvaise intention, mais avant que Giorgina n’eût atteint neuf semaines, elle avait disparu avec elle, et ce ne fut que plusieurs années après que je sus qu’elle était morte à Naples, et que sa fille était élevée chez un aubergiste avare et grondeur. J’appris aussi ton mariage avec elle et le lieu de ton séjour. Maintenant tu peux t’expliquer, Andrès, mon dévouement à ta femme, et la cause de tant d’infâmes et diaboliques menées contre tes enfants. — Mais c’est à toi, An-