Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/432

Cette page n’a pas encore été corrigée

son courage. On l’avait enfermé dans une tourelle élevée sur le fossé d’enceinte de la ville ; il mesura de l’œil cette profondeur, et se détermina sur le champ à s’y précipiter, pour se sauver ainsi, ou mourir. Il n’eut pas beaucoup de peine à se débarrasser de ses chaînes, et s’élança en bas. Il perdit connaissance dans le périlleux trajet, et le soleil luisait déjà quand il revint à lui. Il vit alors qu’il était tombé sur de hautes herbes parmi des broussailles, mais incapable de se mouvoir tant il avait les membres meurtris et disloqués. De grosses mouches et d’autres insectes couvraient la moitié de son corps nu, et suçaient le sang de ses blessures sans qu’il fût en état de s’en défendre. Il passa ainsi plusieurs heures dans la situation la plus pénible. Enfin, il réussit à se trainer plus loin, et arriva par bonheur à un endroit où s’était formée une petite mare d’eau de pluie, dont il but avec avidité. Un peu ranimé, il parvint alors à gravir la berge, et à gagner la lisière du bois qui s’étendait entre Fulda et le château de Vach. C’est ainsi qu’il était arrivé jusqu’à l’endroit où Andrès le trouva luttant contre la mort. L’excès de ses derniers efforts l’avait exténué tout à fait, et, quelques minutes plus tard, Andrès l’aurait certainement trouvé mort. Ce fut sans réfléchir aux conséquences que devait provoquer l’évasion de Trabacchio, qu’Andrès le transporta chez lui. Il le mit dans une chambre écartée, et lui donna les soins nécessaires, mais en usant de tant de circonspection, que personne ne pût soupçonner la présence d’un étranger ; car l’enfant même, habitué à