bacchio ! » Cette vision fantastique avait dissipé leur ivresse. Ils s’encouragèrent mutuellement et suivirent le prétendu docteur et le coq, dont la trace lumineuse servit à les guider. Ils virent les deux figures se diriger, en effet, vers la maison du docteur, qui était située dans un endroit écarté et presque désert. Arrivé devant la maison, le coq s’éleva avec bruit dans l’air et frappa de ses ailes à la grande croisée sur le balcon, qui s’ouvrit aussitôt avec éclat. Une voix cassée de vieille s’écria en chevrotant : « Entrez ! — entrez ! venez vite. — Le lit est chaud, et la bien-aimée attend depuis longtemps ! — depuis bien longtemps ! » Alors le docteur parut monter par une échelle invisible, et entra, comme le coq, avec bruit, par la fenêtre, qui se referma avec un tel fracas que toute la rue déserte en retentit d’une extrémité à l’autre. Tout avait disparu dans la profonde obscurité de la nuit, et les gentilshommes restèrent muets et immobiles d’horreur et d’effroi.
Cette espèce de sortilége, et la persuasion des gentilshommes qui le dévulguèrent sur l’identité du personnage, compagnon du coq diabolique, avec le docteur Trabacchio, déjà si suspect, éveillèrent l’attention du tribunal ecclésiastique, qui fit dès lors surveiller avec un soin extrême, et dans le plus grand mystère, les démarches occultes de l’homme aux miracles. On découvrit, en effet, que souvent le docteur s’enfermait chez lui avec un coq rouge, et qu’ils paraissaient s’entretenir et disputer ensemble dans un étrange langage, et comme des savants qui débattraient quelque point douteux de leur doctrine.