Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/418

Cette page n’a pas encore été corrigée

lade, n’eût-il même qu’un médiocre profit à espérer.

Le docteur avait eu plusieurs femmes successivement mortes en peu de temps ; elles étaient toutes admirablement belles, et c’était pour la plupart des filles de campagne. Il les tenait toujours enfermées, et ne leur permettait d’aller entendre la messe qu’accompagnées d’une vieille femme d’une laideur repoussante. Cette vieille était incorruptible ; et les jeunes débauchés, séduits à la vue des jolies femmes du docteur Trabacchio, avaient vu échouer près d’elle toutes leurs tentatives, quelque bien concertées qu’elles fussent. Quoique le docteur Trabacchio se fit bien payer par les gens riches, il n’y avait pourtant nulle proportion entre les profits de son état et les richesses immenses, en argent et en joyaux, dont sa maison était pleine, et qu’il ne cachait à personne. En outre, il se montrait parfois généreux jusqu’à la prodigalité ; et il avait pris l’habitude, chaque fois qu’une de ses femmes venait à mourir, de donner un grand repas, dont la dépense équivalait assurément au double de la recette la plus abondante que pouvait lui procurer, pendant une année entière, la pratique de son art.

Sa dernière femme lui avait donné un fils, qu’il tenait également en chartre privée, sans permettre à personne de l’approcher. Ce fut seulement au repas de cérémonie, qu’il donna après la mort de la mère de cet enfant, qu’on vit celui-ci, âgé de trois ans, assis à côté du docteur, et tous les convives furent émerveillés de sa beauté et de sa précoce intelligence. Car on l’aurait pris, d’après ses façons,