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encore, les deux vieux chasseurs de mon oncle, Franz et Nicolas, m’ont juré qu’ils étaient sûrs de t’avoir bien reconnu parmi les brigands, et de t’avoir vu, toi-même, tuer mon pauvre oncle. »

Andrès était agité des émotions les plus poignantes et les plus sinistres. Il s’imaginait que Satan en personne avait pris sa propre apparence pour le perdre ; car Denner lui-même ne lui avait-il pas parlé dans la prison de sa présence prétendue à l’attaque du château ? Ainsi sa dénonciation contre lui devant le tribunal n’aurait été, d’après cela, que l’effet d’une conviction intime et véritable. — Andrès convint de tout cela franchement, et il ajouta qu’il se soumettait à la providence divine, qui lui infligeait la peine d’une mort ignominieuse comme à un malfaiteur ; mais que, tôt ou tard, son innocence apparaîtrait au grand jour. Le comte de Vach semblait profondément ému ; il put à peine apprendre encore à Andrès que, suivant son désir, on avait caché à sa malheureuse femme le jour de l’exécution, et qu’elle demeurait toujours avec son enfant près du vieux forestier.

La cloche de la maison de ville commença de tinter, à intervalles mesurés, par sourdes et lugubres volées. Andrès fut vetu suivant l’usage, et le cortège se dirigea, au milieu d’une immense affluence de peuple, vers le lieu de l’exécution. Andrès priait à haute voix, et touchait par sa contenance pieuse tous les assistants. Denner montrait l’assurance d’un scélérat endurci et arrogant. Il regardait hardiment et d’un air enjoué autour de lui, et riait