car je tomberais ainsi à la discrétion de l’infâme Denner, qui m’a précipité dans l’opprobre et exposé à la mort ; et, d’ailleurs, le méfait d’une semblable surprise me mériterait alors le châtiment que je souffrirai aujourd’hui innocemment. »
Telle fut l’allocution d’Andrès. Les juges paraissaient confondus et pénétrés de compassion pour le malheureux. Cependant les nombreuses preuves qui s’élevaient contre lui leur inspiraient trop la persuasion de sa culpabilité pour ne pas leur faire concevoir quelque doute sur ce nouveau témoignage. Toutefois, la sincérité d’Andrès, et surtout le résultat de ses indications sur la fuite projetée par Denner, qui fut la découverte et l’arrestation réelle de plusieurs membres de la bande dans la ville, et même aux alentours de la prison, ne furent pas sans avantages pour lui. On le transféra du cachot souterrain où il était enfermé, dans un local aéré, près du logement du geôlier. Là, il consacra son temps à s’occuper de sa chère femme et de son enfant, et à de pieuses méditations qui lui suggérèrent même, peu à peu, le courage et la résolution stoïque de déposer la vie comme un terrestre fardeau, fût-ce au milieu de nouveaux supplices. Le geôlier ne pouvait assez admirer la dévotion de ce prétendu criminel, et il était presque forcé de croire en lui-même à son innocence.
Enfin, après une année encore environ de délais, le procés compliqué et difficile contre Denner et ses complices fut achevé. Il résultait de l’instruction que la bande avait des affiliés jusque sur la