signora Catterina, je vous conjure au nom de tous les saints, laissez-moi d’abord entrer, puis vous me conterez de votre figuier, de vos filles, de la petite chatte et de la grosse voisine. — Je tombe de fatigue et de froid.
« Oh ! que d’impatience, dit la vieille. Chi va piano va sano, chi va presto more lesto.4 Hâtons-nous doucement, là ! Mais vous êtes fatigué, vous avez froid : Vite donc les clés, les clés ! vite ! »
Toutefois il fallut que la vieille réveillât d’abord ses filles, puis qu’elle allumât le feu, posément, et enfin elle alla ouvrir la porte au pauvre Salvator ; mais à peine était-il entré sous le porche qu’il tomba de lassitude et d’épuisement. Par bonheur le fils de la veuve, qui d’ordinaire demeurait à Tivoli, se trouvait chez elle. On lui fit quitter son lit pour le malade, et ce fut bien volontiers qu’il céda sa place à l’ami de la maison.
La vieille aimait extrêmement Salvator, elle le mettait, quant à son art, au-dessus de tous les peintres du monde, et trouvait d’ailleurs un charme particulier dans la moindre de ses actions. Par contrecoup, le déplorable état de l’artiste l’avait mise hors d’elle-même, et elle voulait incontinent courir au couvent voisin quérir son confesseur pour qu’il vint combattre la puissance maligne par des cierges bénits ou quelque autre moyen efficace. Le fils était d’avis, au contraire, qu’il vaudrait peut-être mieux tâcher de trouver un bon médecin, et il courut sur-le-champ à la place d’Espagne, où demeurait à son escient le célèbre docteur Splendiano Accoramboni.