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ver ; car, si l’on t’emmène au lieu du supplice, auquel j’ai échappé, tu es perdu. Ce n’est qu’à cause de ta femme, qui m’intéresse plus que tu ne peux le penser, que je viens à ton secours. Tu es un poltron et un lâche. À quoi t’ont servi tes misérables dénégations ? Et moi, c’est parce que tu n’es pas revenu à temps du château de Vach à la maison, et pour être resté trop longtemps près de ta femme, que j’ai été arrêté. Mais, tiens ! — prends cette lime et cette scie, débarrasse-toi de tes chaînes pendant la nuit prochaine, et détache la serrure de la porte de ton cachot ; tu te glisseras avec précaution dans le corridor ; une porte extérieure, à main gauche, sera ouverte, et dehors tu trouveras l’un de nous qui te conduira plus loin. — Bonne chance ! » Andrès prit la scie et la lime que Denner lui tendait, et remit ensuite la pierre à sa place. Il était résolu à faire ce que lui prescrivaient la droiture et la voix de sa conscience.

Lorsqu’il fit jour et que le geôlier entra, il dit qu’il désirait instamment être conduit devant un juge, à cause d’une importante révélation qu’il avait à faire. Sa demande fut exaucée dans la même matinée, et l’on croyait qu’Andréa ferait connaître de nouveaux crimes de la bande qui n’étaient que vaguement signalés. Mais Andrès remit aux juges les instruments qu’il avait reçus de Denner, et raconta l’étrange événement de la nuit. « Quoiqu’il soit bien certain et véritable que je souffre sans l’avoir mérité, ajouta-t-il, Dieu me préserve toutefois de la tentation de recouvrer ma liberté d’une manière illicite !