Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/407

Cette page n’a pas encore été corrigée

tension. Andrès ne put supporter un tel supplice. En proie aux angoisses de la douleur et souhaitant la mort, il avoua tout ce que l’on voulut, et il fut transporté évanoui dans sa prison.

On lui rendit des forces avec du vin, comme c’était l’habitude en pareilles circonstances, et il tomba dans un engourdissement léthargique entre la veille et le sommeil. Alors, il lui sembla voir des pierres se détacher de la muraille, et tomber avec fracas sur le pavé de la prison. Une lueur d’un rouge de sang pénétra par l’ouverture, et, au milieu d’elle, parut une figure que, malgré sa ressemblance frappante avec Denner, Andrès ne pouvait prendre pour Denner lui-même. Ses yeux étincelaient avec plus d’ardeur, ses cheveux hérissés, plantés droits sur son front, étaient plus noirs, et ses sombres sourcils s’arquaient davantage sur le muscle aplati qui surmontait son nez, recourbé comme le bec du vautour. Son visage était ridé et contourné d’une manière horrible et bizarre, et il portait des vêtements étrangers et extraordinaires, comme Andrès n’en avait jamais vus à Denner. Un large manteau rouge de feu, garni de nombreuses tresses d’or, tombait de ses épaules en plis flottants ; un large chapeau espagnol au bord retroussé avec une plume rouge flexible était posé de travers sur son front ; une longue rapière pendait à son côté, et, sous le bras gauche, ce personnage portait une petite cassette.

Le spectre fantastique s’avança donc vers Andrès, et d’une voix sourde et creuse : « Eh bien, dit-il, camarade, comment t’a plu la torture ? Tu ne dois