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n’ont donc pas pu te délivrer ? » Les juges sommèrent Denner de répéter sa déclaration concernant Andrès, et il déposa que le garde de la réserve du comte de Vach, Andrès, en ce moment présent devant lui, était déjà depuis cinq ans son associé, et que la maison du garde avait été son meilleur et son plus sûr asile. Il ajouta qu’Andrès avait toujours reçu la part qui lui revenait dans les prises, quoiqu’il n’eût coopéré activement que deux fois à leurs expéditions ; à savoir, celle du pillage de la ferme, où il l’avait sauvé, lui, Denner, du danger le plus imminent, et puis l’affaire du château du comte qui était tombé sous le coup favorisé d’Andrès.

Andrès fut transporté de fureur en entendant cet horrible mensonge. « Quoi ? s’écria-t-il, infâme, maudit scélérat ! tu oses m’accuser du meurtre de mon digne maître, dont tu es toi-même l’auteur ? Oui, je le sais, toi seul es capable d’avoir commis ce forfait. Mais ta vengeance me poursuit, parce que j’ai renoncé à tout commerce avec toi, parce que je t’ai menacé, comme un infâme brigand et assassin, de tirer sur toi si tu tentais de passer le seuil de ma porte. Voila pourquoi tu as attaqué ma maison avec ta bande, lorsque j’étais absent ; voilà pourquoi tu as égorgé mon pauvre innocent enfant et mon brave domestique ! Mais quand même je succomberais par l’effet de ta méchanceté, tu n’échapperas pas à la terrible punition de la justice divine. » Andrès alors répéta son premier dire avec les plus saintes protestations de sa véracité ; mais Denner riait avec perfidie, adressant des reproches à Andrès de ce que la