et de crainte. Giorgina était à moitié évanouie. On les saisit tous deux, on les garotta et on les attacha sur le chariot qu’Andrès avait préparé devant la maison. Giorgina se lamentait à haute voix à cause de son enfant, et priait, pour l’amour de Dieu, qu’on le laissât avec elle. « Oui, pour que tu puisses à ton aise lui apprendre à se damner comme toi ! » dit le commissaire, et il arracha l’enfant avec violence des bras de Giorgina.
On allait se mettre en route, quand le vieux forestier, un homme rude, mais loyal, s’approcha encore une fois de la voiture et dit : « Andrès, Andrès ! comment as-tu pu te laisser entrainer par Satan à commettre de telles scélératesses ! Tu étais autrefois en toutes choses si pieux et si honnête ! — Ah ! mon brave Monsieur, s’écria Andrès dans le plus grand désespoir, aussi vrai qu’il y a un Dieu dans le ciel, aussi vrai que j’espère mourir moi-même en état de grâce, je suis innocent ! — Vous me connaissez depuis ma plus tendre jeunesse ; comment pourrais-je être devenu un aussi indigne scélérat, moi qui n’ai jamais failli à la probité ! car je vois bien que vous me croyez un abominable brigand et un complice du crime infâme qui a été commis au château de notre cher et malheureux maître. Mais je suis innocent, j’en jure sur ma vie et le salut de mon âme. — Eh bien, dit le vieux forestier, si tu es innocent, cela s’éclaircira, quoiqu’il s’élève contre toi des charges bien graves. Quant à ton enfant et à ce qui l’appartient, je m’en chargerai fidèlement, de manière à ce que, si ton innocence et celle de ta