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Et à la fin de son récit, Giorgina, qui avait remarqué l’argent et tout ce qu’Andrès apportait avec lui, s’écria avec douleur : « Ah ! il est donc vrai ? tu es aussi… » Andrès ne la laissa pas achever ; mais il lui raconta en détail quel bonheur lui était arrivé, et son voyage à Francfort pour recueillir l’héritage.

Le neveu du comte de Vach était devenu propriétaire du domaine ; Andrès songeait à se préseuter chez lui pour lui raconter fidèlement tout ce qui lui était arrivé, découvrir les repaires de Denner, et le prier aussi de l’affranchir d’un service trop pénible et trop périlleux. Mais il ne voulut pas laisser à la maison ni son fils, ni Giorgina. Il résolut donc de charger un petit chariot à ridelles de ses effets les plus portatifs et les meilleurs, d’y atteler le cheval qu’il avait amené, et d’abandonner ainsi pour toujours, avec sa femme et son enfant, un séjour qui ne pouvait réveiller en lui que les plus affreux souvenirs, et qui, en outre, ne pouvait jamais lui offrir ni repos, ni sûreté.

Le troisième jour, fixé pour son départ, était arrivé, et il était justement occupé à remplir une caisse, lorsqu’il entendit un grand bruit de chevaux qui approchaient de sa demeure. Andrès reconnut le forestier de Vach, qui demeurait près du château ; derrière lui venait un détachement de dragons de Fulda. « Bon, nous arrivons à point, car voilà précisément le coquin à l’ouvrage, pour mettre son vol en sûreté ! » s’écria le commissaire du tribunal qui suivait les soldats. Andrès fut pétrifié d’étonnement