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voix du côté des fenêtres ; mais elle était tombée sans connaissance.

Ce fut dans l’obscurité de la nuit qu’elle revint à elle, mais toute étourdie et incapable de remuer ses membres raidis. Enfin le jour parut, et alors elle vit avec horreur la chambre inondée de sang, — des morceaux de l’habit de Denner épars dans tous les coins, une touffe des cheveux arraches du valet, plus loin la hache ensanglantée, — et le corps de l’enfant, gisant sous la table avec la poitrine ouverte. Giorgina s’évanouit de nouveau, elle crut mourir ; mais elle se réveilla de cette espèce de léthargie, lorsqu’il était déjà midi. — Elle se releva avec peine, elle appela Georg à haute voix, et ne recevant aucune réponse, elle crut que Georg aussi avait été tué. Le désespoir lui donna des forces, elle s’élança hors de la chambre, dans la cour, et cria de nouveau : « Georg ! — Georg ! » Une voix faible et lamentable lui répondit du haut de la mansarde : « Maman ! ah, chère maman, tu es donc là ? viens en haut près de moi ! j’ai bien faim ! » — Giorgina monta en courant et trouva le petit dans le grenier, où il s’était glissé, effrayé du tumulte qui se faisait dans la maison, et sans oser en sortir. Giorgina pressa avec transport son fils contre son sein. Puis elle ferma la maison de son mieux, et attendit dans le grenier, d’heure en heure, le retour d’Andrès qu’elle espérait à peine revoir. L’enfant avait vu d’en-haut plusieurs hommes entrer dans la maison, et en ressortir ensuite avec Denner, portant sur leurs bras un homme mort.