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absent de chez lui. « Eh bien, cela ne fait rien, lui dit une voix d’en-bas, ouvre la porte, car il faut que nous entrions ici, Andrès va bientôt arriver. » Que restait-il à faire au valet, sinon d’obéir.

Alors la troupe se précipita comme un torrent dans la maison, et les brigands saluèrent Giorgina comme la femme d’un de leurs camarades, auquel leur capitaine devait la liberté et la vie. Ils prescrivirent à Giorgina de leur préparer un solide repas, disant qu’ils avaient accompli, la nuit précédente, une rude besogne, mais qu’elle avait eu le plus heureux suceés. Giorgina, tremblante et consternée, fit un grand feu dans la cuisine et prépara le repas, pour lequel un des brigands, qui paraissait être le sommelier et le cuisinier de la bande, lui remit du gibier, du vin, et toutes sortes d’ingrédients. Il fallut que le valet disposât la table et préparât la vaisselle. — Il saisit un moment et se glissa chez sa maîtresse dans la cuisine. « Ah ! dit-il tout effrayé, savez-vous ce qu’ont fait les brigands cette nuit ? Après leur longue absence, et grâce à mille préparatifs, ils ont attaqué, il y a quelques heures, le château du monseigneur le comte du Vach, et malgré une vigoureuse défense, ils ont tué un grand nombre de ses gens et le comte lui-même, et ont mis le feu au château. » Giorgina s’écriait à chaque parole : « Ah, mon mari ! si mon mari avait été encore au château ! — Ah, notre malheureux seigneur ! » Cependant les brigands faisaient du bruit et chantaient dans la chambre, se versant force rasades en attendant le repas. — Bref, déjà le jour