Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/395

Cette page n’a pas encore été corrigée

chambre, et dessus étaient posés un réchaud d’une forme singulière, diverses fioles et une bassine à moitié pleine de sang. — Andrès prit sur le berceau son pauvre petit enfant. Giorgina le comprit, elle apporta un drap dans lequel ils enveloppèrent le cadavre, et ils allèrent l’ensevelir dans leur jardin. Andrès façonna une petite croix en bois de chêne qu’il posa sur le monticule de terre. — Aucune plainte, aucun mot ne s’échappa des lèvres de ces infortunés parents. Ils avaient enfin achevé leur tâche, et la nuit vint les surprendre, dans ce profond et sombre silence, assis en dehors de leur maison, chacun fixant devant soi un morne regard.

Ce ne fut que le lendemain que Giorgina put raconter à Andrès la succession d’événements qui s’était passée durant son absence. Le quatrième jour après son départ de la maison, son valet avait encore aperçu dans la matinée beaucoup de figures suspectes rôder dans le bois, et Giorgina était impatiente de voir son mari de retour. Au milieu de la nuit elle fut réveillée tout à coup par un tapage et des cris tumultueux qui retentirent dans le voisinage. Le valet accourut et lui annonça plein d’effroi, que la maison était toute entourée de brigands, et qu’il était superflu de songer à se défendre. Les dogues étaient en fureur, mais il sembla bientôt qu’on les avait apaisés, et l’on s’écria à haute voix : « Andrès ! — Andrès ! » — Le valet se fit du cœur, il ouvrit une croisée et répondit bien haut, que le forestier de la réserve, Andrès, était