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d’une conscience alarmée, et cependant ce n’était que son amour pour sa femme et son enfant qui l’avait fait céder malgré lui aux indignes exigences de Denner.

Toutes les recherches furent infructueuses. Il fut impossible de découvrir la trace des brigands, et Andrès s’assura bientôt que Denner avait tenu parole et avait quitté le pays avec sa bande. Il enferma dans la cassette aux joyaux l’aiguille d’or, présent de Denner, et ce qui lui restait d’argent provenant de lui, car il ne voulait pas se charger de plus de péchés encore en consacrant à ses jouissances ce bien mal acquis. — Il arriva donc qu’il retomba en peu de temps dans son ancienne indigence ; mais son cœur recouvrait d’autant plus de sérénité, à mesure que les jours s’écoulaient sans que rien vint troubler son humble vie. Au bout de deux ans, sa femme lui donna encore un garçon, mais sans être malade comme à ses premières couches, quoiqu’elle eût été bien contente de retrouver les aliments et le cordial soporifique qui lui avaient été alors si salutaires.

Un soir, à l’heure du crépuscule, Andrès était assis amicalement auprès de sa femme, qui tenait sur son sein le nouveau-né, tandis que le plus âgé se roulait en jouant avec un grand chien qui, en qualité de favori de son maître, avait le privilège de rester dans la chambre, lorsque le valet entra et dit que, depuis près d’une heure déjà, un homme qui lui paraissait suspect rôdait aux alentours de la