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qui d’abord ne s’était signalée que par des filouteries et des vols commis sur des voyageurs isolés, devait s’être considérablement renforcée. Par hasard, le neveu du comte de Vach, escorté de plusieurs des gens de son oncle, avait passé la nuit dans le village voisin de la ferme. Il accourut au premier signal au secours des paysans qui marchaient contre les voleurs, et ce fut à son assistance que le fermier dut le salut de sa vie et la conservation d’une majeure partie de sa fortune. — Trois des brigands restés sur la place vivaient encore le lendemain de l’affaire, et l’on comptait sur leur guérison pour obtenir des aveux. Aussi les avait-on pansés avec soin et dûment enfermés dans la prison du bourg ; mais le matin du troisième jour, on fut étrangement surpris de les trouver morts, percés chacun de nombreux coups de stilet, sans qu’on pût expliquer par aucune conjecture ce mystérieux dénouement. Tout espoir d’acquérir des éclaircissements sur la bande fut donc perdu pour la justice.

Andrès frémit intérieurement au récit de tous ces détails, et en apprenant que plusieurs paysans et des chasseurs du comte de Vach avaient été tués ou grièvement blessés. De fortes patrouilles de cavaliers venus de Fulda battaient incessamment la forêt et firent halte plusieurs fois chez lui. Andrès avait à craindre à chaque instant qu’on amenât Denner lui-même, ou du moins quelqu’un de ses compagnons, qui pouvait le reconnaître et le dénoncer comme complice de leur criminelle expédition. Pour la première fois de sa vie, il sentit les tourments et les angoisses