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que l’indulgence de Dieu me le pardonne ! C’était pour moi comme si ma Giorgina, à qui tu as sauvé la vie, me priait pour la tienne, et je ne pus m’empêcher de te soustraire au danger, en risquant moi-même mes jours et mon honneur, et même en compromettant la condition et l’existence de ma femme et de mon fils. Car, dis, où en serais-je si j’étais tombé blessé entre leurs mains ? que seraient devenus ma pauvre femme et son enfant si l’on m’avait trouvé tué au milieu de ton infâme bande d’assassins ? — Mais sois bien certain que si tu ne quittes pas le pays, si j’ai vent qu’un meurtre ou qu’un seul vol s’y commette encore, sur le champ je vais à Fulda et je dénonce à l’autorité le secret de tes repaires. »

Les brigands se jetaient déjà sur Andrès pour le punir de son audace, mais Denner les contint en disant : « Laissez donc bavarder cet imbécile, que nous importe ! — Andrès ! poursuivit Denner, tu es en ma puissance ainsi que ta femme et ton enfant ; mais tu resteras pourtant avec eux sain et sauf si tu me promets de demeurer en repos chez toi, et de garder un silence absolu sur les événements de cette nuit. Je t’engage d’autant plus à suivre ce dernier conseil, que je tirerais de toi une vengeance terrible, et que, d’ailleurs, la justice n’oublierait pas de te demander compte de l’assistance que tu nous as prêtée, ni de la longue jouissance d’une partie de nos profits. En retour, je te promets encore une fois que je quitterai positivement ce pays, et qu’aucune expédition n’y aura lieu désormais, du moins de notre part. »