été un homme sauvage et terrible. Tel à qui l’épée fournit maint propos est fort mal habile à la manier ; et plus d’un conçoit dans le fond de son âme toute l’atrocité des plus horribles forfaits, de manière à les manifester réellement a l’aide de la plume ou du pinceau, qui est assurément le moins capable d’en rien commettre. — Bref, je ne crois pas un mot de tous les méchants rapports qui présentent le brave Salvator comme un brigand dissolu et un assassin, et je souhaite bien, cher lecteur, que tu partages mon sentiment ; sinon, je craindrais que tu n’accueillisses avec défiance ce que j’ai à te raconter de notre maître. Car le Salvator de mon récit doit t’apparaitre, je l’imagine ainsi, comme un homme bouillant et plein d’énergie, il est vrai, mais en même temps d’un caractère franc et généreux, capable même bien souvent, de maitriser cette ironie amère qu’engendre, chez tous les hommes doués d’un esprit profond, l’expérience des misères humaines. — Il est d’ailleurs bien avéré que Salvator était aussi bon poète et musicien que bon peintre. Triple rayonnement, réfraction magnifique de son génie intérieur ! — Encore une fois, loin de croire que Salvator ait été complice des méfaits sanglants de Mas’Aniello, je pense, au contraire, que l’effroi de cette époque de terreur le chassa de Naples à Rome, et ce fut comme un pauvre fugitif, et dépourvu de tout, qu’il y arriva, dans le même temps où Mas’Aniello venait de tomber.
Vêtu d’une manière qui n’était pas précisément somptueuse, une mince petite bourse avec une paire