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Et puis, par moments, ses petits yeux enfoncés lancent des éclairs si étranges, et souvent enfin, il lui arrive d’accueillir nos discours simples et honnêtes d’un rire…, je dirais presque si insolent, qu’un horrible frisson vient me saisir. — Ah ! Dieu veuille que mes pressentiments secrets ne se réalisent pas ! mais mainte fois je tremble comme s’il y avait au fond de tout cela une foule de calamités que l’étranger devra susciter tout d’un coup, après nous avoir compromis par ses perfides embûches. »

Giorgina chercha à dissiper ces noires idées dans l’esprit de son mari, en lui assurant qu’elle avait connu dans sa patrie, et principalement chez les aubergistes ses parents d’adoption, bien des gens dont l’extérieur était cent fois plus suspect encore, quoiqu’ils fussent au fond pleins d’honnêteté. Andrés parut mieux disposé, mais intérieurement il se promit de rester sur ses gardes.

L’étranger s’arrêta de nouveau chez Andrès, justement à l’époque où l’enfant de celui-ci, un garçon superbe, le vivant portrait de sa mère, venait d’avoir neuf mois accomplis. C’était aussi le jour de fête de Giorgina. Elle avait habillé son fils d’un costume d’invention original, et avait mis elle-même ses vêtements napolitains, sa parure favorite, pour s’asseoir à un repas meilleur que de coutume, et auquel l’étranger ajouta un flacon de vin délicieux qu’il tira de sa valise. — Ils étaient donc joyeusement à table, et le petit garçon promenait autour de lui des regards curieux et pleins d’intelligence, quand l’étranger leur dit : « Votre enfant, en effet, à voir ses