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qu’elle tressaillait de joie et de plaisir comme un enfant ; alors Andrès dit à l’étranger : « Ah ! mon digne Monsieur, comment pouvez-vous tenter ainsi ma pauvre femme à se parer de choses semblables, elle qui n’en possédera jamais, sans compter que cela ne lui sied pas du tout. — Ne le prenez pas en mauvaise part, Monsieur, mais le simple cordon rouge de corail, que ma Giorgina avait au cou lorsque je la vis pour la première fois à Naples, me plait cent fois plus que ces joyaux étincelants dont l’éclat me semble vain et trompeur. — Vous êtes aussi par trop sévère, répliqua l’étranger en souriant d’un air ironique, de ne vouloir pas même laisser à votre femme malade l’innocente jouissance de se parer de mes bijoux dont la beauté n’est nullement trompeuse et qui sont de bien bon aloi. Ne savez-vous pas que ces objets-là font le plus grand plaisir aux femmes ? Et quant à votre opinion sur ce qu’un tel luxe ne convient pas à votre Giorgina, je suis forcé de soutenir le contraire ; votre femme est assez jolie pour porter une parure de ce genre, et d’ailleurs, qu’en savez-vous, si elle ne sera pas un jour assez riche pour en posséder et en faire valoir de semblables ? »

Andrès prit un ton fort grave et serieux, et dit : « Je vous en supplie, Monsieur, ne tenez pas des discours si captieux et si ambigus ! voulez-vous donc rendre folle ma pauvre femme, et que la vaine envie d’un tel luxe et de ces mondaines somptuosités lui rende plus amère encore notre indigence, et lui ravisse tout repos et toute sérénité ? — Remballez