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vement à ma richesse. Car je veux bien vous confier que je ne suis pas ce que je parais être. D’après mes méchants habits, et parce que je voyage à pied comme un pauvre mercier ambulant, vous pensez naturellement que je suis pauvre et qu’un mince trafic dans les foires et les marchés m’aide seul à gagner péniblement ma vie ; mais sachez que les heureux résultats d’un commerce des joyaux les plus précieux, auquel je suis adonné depuis beaucoup d’années, m’ont rendu excessivement riche, et qu’une habitude invétérée me fait seule persister dans cette manière de vivre si simple. Je possède, renfermés dans cette petite valise et dans cette cassette, des bijoux et des pierreries magnifiques, taillées pour la plupart fort anciennement, qui valent des milliers et encore des milliers. J’ai fait cette fois-ci d’excellentes affaires à Francfort, et ce que j’ai donné à votre chère femme n’est pas, même à beaucoup près, la centième partie de mon bénéfice. — En outre, je ne vous fais nullement un don gratuit, car j’ai toutes sortes de services en revanche à réclamer de vous. — Je voulais, comme à l’ordinaire, aller de Francfort à Cassel, et, depuis Schuechtern, j’ai perdu le bon chemin. Cependant la route à travers cette forêt, que les voyageurs redoutent communément, m’a paru précisément fort agréable pour un piéton ; c’est pourquoi je veux à l’avenir la prendre toujours de préférence dans le même voyage, et m’arrêter chaque fois chez vous. Vous me verrez donc arriver ici deux fois par an ; c’est-à-dire à Pâques, quand je vais de Francfort à Cassel, et vers