Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/361

Cette page n’a pas encore été corrigée

reste de mon voyage ? — Ah ! Monsieur, répliqua le triste Andrès, vous venez dans une maison d’affliction et de misère, et, hors le siège sur lequel vous pouvez vous reposer, je n’ai à vous offrir la moindre des choses pour vous restaurer. Ma pauvre femme manque de tout elle-même, et mon valet, que j’ai envoyé à Fulda, n’en rapportera que bien tard dans la soirée quelques provisions. » En parlant ainsi, ils étaient entrés dans la chambre. — L’étranger se débarrassa de son bonnet de voyage et de son manteau, sous lequel il portait un petit coffre et une valise. Il déposa aussi sur la table deux pistolets de poche et un poignard.

Andrès s’était approché du lit de Giorgina : elle était privée de connaissance. L’étranger s’approcha pareillement, il regarda longtemps la malade d’un œil pensif et penétrant, puis il prit sa main et consulta attentivement son pouls. Lorsqu’Andrès s’écria désespéré : « Ah, mon Dieu ! elle va mourir ! — Point du tout, mon cher ami ! dit l’étranger, rassurez-vous. Il ne manque à votre femme qu’une nourriture saine et généreuse. Mais, en attendant, quelque tonique qui ait de l’action peut lui faire un grand bien. Je ne suis pas médecin à la vérité, je suis un marchand, cependant j’ai une certaine expérience de l’art médical, et je possède plusieurs remèdes fort anciens que je porte avec moi et dont je fais aussi commerce. » En même temps l’étranger ouvrit sa cassette, y prit une fiole contenant une liqueur d’un rouge foncé, et en versa quelques gouttes sur du sucre qu’il fit prendre à la malade ; puis il tira