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Il avait monté l’escalier et pénétrait dans le vestibule, quand il entendit un tapage effrayant qui semblait venir du cabinet de travail de Spallanzani. — Des battements de pieds, un cliquetis étrange, — un bruit de ressorts, — des coups redoublés contre la porte, entremêlés de jurements et de malédictions : « Lâche… lâche-la donc, — infâme ! — Scélérat ! — Sais-tu que j’y ai sacrifié mon sang et ma vie ? — Ha ! — Ha ! — ha ! ha ! ha ! — Ce n’est pas ainsi que nous avons parié. — C’est moi, moi ! qui ai fait les yeux. — Moi les rouages ! — Maudit imbécille avec tes rouages ! stupide horloger ! — Satan ! chien damné ! sors d’ici ! — Arrête ! — Fourbe ! charlatan ! — Vieil animal ! lâcheras-tu ? — Au diable ! — Lâche donc ! »

Dans ces deux voix, sifflant et mugissant ensemble, Nathanael reconnut celles de Spallanzani et de l’affreux Coppelius. Il se précipita dans la chambre, saisi d’une angoisse indéfinissable. Le professeur tenait par les épaules et l’italien Coppola par les jambes une figure de femme qu’ils se disputaient l’un à l’autre, l’arrachant et la tiraillant avec une fureur sans pareille. Natbanael fit un bond en arrière, frappé d’une horreur inexprimable… Dans cette femme, il avait reconnu Olympie ! Transporté d’une farouche colère, il allait défendre sa bien-aimée contre ces furieux ; mais, au même instant, Coppola, donnant avec une force de géant une secousse terrible, fit lâcher prise au professeur, et lui appliqua avec la femme même un coup si violent sur la tête, que celui-ci chancela et tomba à la renverse par-