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cris de joie céleste de l’âme exaltée par l’amour ; et, lorsqu’enfin retentit bruyamment dans le salon le trillo prolongé de la cadence finale, Nathanael s’imagina sentir l’étreinte subite de deux bras ardents, et ne se possédant plus, il cria malgré lui, dans un excès de douleur et d’enthousiasme : « Olympie ! » — Tout le monde se retourna de son côté et plusieurs personnes se mirent à rire. Mais l’organiste de la cathédrale prit un air trois fois plus sombre, et dit seulement : « Eh bien, eh bien ! »

Le concert était fini, le bal commença. Danser avec elle !… avec elle ! c’était à présent pour Nathanael le but de tous ses désirs, de toute son ambition… Mais comment avoir tant d’audace que de l’inviter, elle, la reine de la fête ? Cependant, lui-même ne sut pas comment cela arriva ; la danse à peine commencée, il se trouva tout près d’Olympie, qui n’avait pas encore été engagée, et il avait déjà saisi sa main avant d’avoir pu balbutier quelques paroles. Plus froide que la glace était la main d’Olympie. Nathanael sentit un tressaillement mortel parcourir ses membres, et fixa ses yeux sur ceux d’Olympie, qui lui répondirent, radieux, pleins d’amour et de langueur ; et en même temps il lui sembla que son pouls s’agitait sous cette peau froide, et que les artères se gonflaient d’un sang pétillant. D’amoureux transports enflammaient le cœur de Nathanael, il entoura la taille de la belle Olympie, et tous deux s’élancèrent à travers les couples de walseurs. — Il croyait avoir su danser autrefois avec une parfaite mesure, mais il s’aperçut bientôt, à l’assurance