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que Nathanael elle le considérait comme l’auteur de la mort de son mari.

Quelle fui la surprise de Nathanael, quand, de retour à G...., voulant rentrer dans sa demeure, il vit que la maison avait été totalement consumée par les flammes, et que des pans de mur noircis s’élevaient seuls au-dessus des décombres ! Cependant, et quoique l’incendie se fût développé de bas en haut, le feu ayant pris dans le laboratoire d’un apothicaire logé au rez-de-chaussée, les amis de Nathanael, pleins de zèle et d’audace, avaient réussi à pénétrer dans sa chambre située à l’étage supérieur, assez à temps pour sauver ses papiers, ses livres et ses instruments. Ils avaient réuni ces objets dans une autre chambre qu’ils louèrent au nom de Nathanael, et que celui-ci alla occuper.

Il se trouva logé, sans y attacher nulle importance, vis-à-vis du professeur Spallanzani, et s’aperçut, avec la même indifférence, que de sa fenêtre il dominait la chambre où Olympie était souvent assise seule, et placée de manière à ce qu’il pût exactement reconnaître sa personne, quoique les traits de son visage parussent indistincts et confus. Il finit pourtant par être frappé de voir Olympie rester fréquemment assise, durant des heures entières, sans la moindre occupation, devant la petite table et dans la même position où il l’avait déjà vue à travers la porte vitrée, et regardant positivement de son côté d’un œil fixe et stable ; il s’avoua également que ja-