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NATHANAEL A LOTHAIRE.


« Il m’est fort désagréable que Clara ait ouvert et lu ma dernière lettre, par suite d’une erreur dont ma distraction, il est vrai, est la seule cause. Elle m’a écrit une lettre sérieuse et philosophique dans laquelle elle établit longuement que Coppelius et Coppola n’existent point en réalité, et que ce sont des fantômes de mon imagination que je puis voir s’évanouir à mon gré par la simple réflexion. — On ne croirait pas, en effet, que l’esprit qui se reflète dans ces grands yeux de jeune fille, dont le sourire gracieux nous caresse comme l’image d’un rêve doux et charmant, on ne croirait pas, dis-je, que cet esprit puisse argumenter aussi judicieusement et aussi magistralement. Elle suit tes inspirations. Vous avez parlé de moi. Tu lui lis peut-être de gros traités de logique pour lui apprendre à bien peser et à débrouiller toutes choses ? — Laissons cela ! — Au reste, il est positif que le marchand de baromètres, Giuseppe Coppola, n’est nullement le vieux avocat Coppelius. Je suis les leçons du professeur de physique nouvellement arrivé ici, qui se nomme Spallanzani comme le célèbre physicien, et est aussi d’origine italienne. — Il connait Coppola depuis plusieurs années déjà, et, d’ailleurs, on reconnait à la prononciation de celui-ci qu’il est vraiment Piémontais. Coppelius était Allemand, seulement je ne