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avons approfondi la théorie des puissances et des forces occultes, laquelle, depuis que j’en ai formulé, non sans peine, les points sommaires, me semble extrêmement ardue. Je ne comprends pas bien le dernier raisonnement de Lothaire, je ne fais que soupçonner ce qu’il pose en principe, et cependant il me semble vaguement que tout cela doit être absolument vrai.

» Je t’en supplie, chasse tout à fait de ta pensée le vilain avocat Coppelius et le marchand de baromètres Giuseppe Coppola. Sois persuadé que ces individualités étrangères n’ont aucune influence sur toi ; ce n’est que la croyance à leur fatalité qui peut, en effet, leur donner ce caractère à ton préjudice. Si chaque ligne de ta lettre ne portait l’empreinte de l’exaltation excessive de ton esprit, si ta situation ne m’affligeait pas jusqu’au fond de l’âme, en vérité, j’aurais beau jeu à plaisanter sur l’avocat au sable et sur le brocanteur en baromètres Coppelius. Tâche de te distraire ; de la gaîté ! — Je me suis proposé de remplir l’office de ton génie protecteur, et si le vilain Coppola s’avisait de te tourmenter dans tes rêves, je compte le chasser sans répit par un grand éclat de rire ; je n’ai pas la moindre frayeur de lui ni de ses poings velus, et l’avocat ne me gâterait pas plus une friandise, que l’homme au sable ne me fait craindre pour mes yeux.

» Pour toujours, mon bien-aimé Nathanael, etc. »