à me rassurer, mais il n’y réussit guère. Le fatal marchand de baromètres, Giuseppe Coppola, me poursuivit tout un jour, et, j’en suis presque honteuse, mais il faut bien en convenir, mon sommeil même, toujours si franc et si paisible, fut troublé de milles rêves déraisonnables et de visions étranges. Bientôt pourtant, et dès le lendemain, je vis les choses sous un aspect plus naturel. Ne te fâche donc pas, mon bien-aimé, si tu apprenais par Lothaire, qu’en dépit de tes singuliers pressentiments sur la funeste influence de Coppelius, j’ai repris ma gaîté et ma sérénité d’esprit ordinaires.
» Je t’avouerai franchement qu’à mon avis tout le surnaturel et l’horrible dont tu fais mention, n’ont de fondement que dans ton imagination, et que la réalité des faits y a bien peu de part. Le vieux Coppelius devait être sans doute repoussant ; mais on conçoit que son aversion pour les enfants vous inspira à votre âge, pour sa personne, un profond sentiment d’horreur. Alors le terrible homme au sable du conte de la nourrice se confondit dans ton esprit d’enfant avec le vieux Coppelius, et celui-ci resta à tes yeux, quoique tu ne crusses plus à l’homme au sable, un spectre diabolique pernicieux, surtout pour les enfants.
» Ses menées nocturnes et mystérieuses avec ton père n’avaient probablement d’autre but que des expériences alchimiques, auxquelles ils se livraient en commun. Ta mère ne pouvait en concevoir que du chagrin, puisque cela devait inévitablement absorber beaucoup d’argent sans profit, et qu’en outre,