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ses productions, où l’originalité de la forme n’ôte rien à la vérité et au naturel de l’idée principale. On trouve dans celles-ci un mérite d’observation si précieux, une ironie si piquante, une si profonde connaissance du cœur de l’homme, que, sous le charme de l’illusion qui en résulte, on est tenté d’admettre, sans plus d’examen, l’intervention des agents surnaturels mis en jeu par l’auteur, et dont l’effet alors est de frapper plus vivement l’imagination sans dérouter ni fatiguer l’esprit. Il est rare qu’Hoffmann n’attache point à ses contes un sens instructif, une induction morale qu’il se garde bien, il est vrai, de démontrer explicitement et pédantesquement, mais qui s’inculque d’autant mieux dans l’esprit du lecteur réfléchi, avec l’ineffaçable empreinte de ses merveilleux récits. Souvent même nous croyons qu’il n’a pas eu d’autre but que de mettre en garde contre les dérèglements de l’imagination, bien loin de pouvoir servir à les exciter, et, sous ce rapport, nous persistons à regarder L’Homme au sable comme un chef-d’œuvre.

Dans quelques ouvrages seulement, tels que La Princesse Brambilla, Le Pot d’or, Maître Puce, Hoffmann peut-être, avec une intention non moins positive, n’a pas aussi complètement réussi. Encore, son tort n’est-il pas d’être sorti entièrement du domaine de la réalité, car il serait sans doute plus rationnel d’interdire toute espèce de création chimérique, que de songer à déterminer les limites du genre fantastique une fois admis. Mais ce qu’on peut lui reprocher, c’est un défaut de liaison et de convenance entre les divers éléments de ces conceptions bizarres.