des yeux, — des yeux ! — une belle paire d’yeux d’enfant ! » Ainsi grommelait Coppelius, et il retirait avec ses mains du milieu des flammes des charbons ardents qu’il voulait me jeter sur les yeux. Mon père alors éleva ses mains suppliantes et s’écria : « Maître ! maître ! laisse les yeux de mon Nathanael, — laisse-les lui ! » Coppelius se mit à rire d’une manière retentissante et s’écria : « Soit ! que ce marmot garde ses yeux pour pleurer son pensum dans ce bas monde ; mais au moins nous allons à cette heure bien observer le mécanisme des mains et des pieds. » À ces mots, il me saisit si rudement les membres que mes jointures en craquèrent, et qu’il me déboîta les pieds et les mains en les tournant tantôt d’un côté, tantôt d’un autre. « Ça n’est cependant pas aussi bien qu’avant. — Le vieux l’a compris ! » disait Coppelius d’une voix sifflante. Mais tout devint autour de moi vague et obscur : une convulsion subite agitait mes nerfs et jusqu’à mes os ; et puis, je ne sentis plus rien2. — Une haleine douce et chaude glissa sur mon visage : je sortis comme d’une léthargie ; ma mère était penchée sur moi. « L’homme au sable est-il encore là ? dis-je en bégayant. — Non, mon cher enfant ! il est parti depuis long-temps, et il ne te fera aucun mal ! » disait ma mère en embrassant et en caressant son bien-aimé rendu à la vie.
» Pourquoi te fatiguer, mon bon ami Lothaire ! par un long récit de ces détails, quand il me reste encore tant de choses à te dire ? Bref ! — j’avais été découvert pendant que j’étais aux écoutes et maltraité