pour quitter la chambre un peu avant neuf heures, et je me cachai dans un coin tout près de la porte. Peu après, celle de la maison s’ouvrit en craquant, puis se referma. Un pas lourd, lent et sonore, traversa le vestibule, se dirigeant vers l’escalier. Ma mère passa rapidement avec ma sœur devant moi. — J’ouvris tout doucement la porte du cabinet de mon père. Il était assis comme d’habitude, silencieux et immobile, le dos tourné à la porte, et ne me remarqua pas. Je fus bientôt caché dans une armoire à porte-manteaux qui touchait à la porte, et fermée par un rideau seulement. Le bruit de la pesante démarche approchait de plus en plus. On entendait au dehors tousser, murmurer et traîner les pieds d’une façon étrange. Mon cœur palpitait de crainte et d’attente. — Derrière la porte un pas retentit : la sonnette est ébranlée violemment, la porte brusquement ouverte ! — Je m’enhardis non sans peine, et j’entrouve le rideau avec précaution. L’homme au sable est devant mon père, au milieu de la chambre, la clarté des flambeaux rayonne sur son visage ; — l’homme au sable, le terrible homme au sable, c’est… le vieil avocat Coppelius, qui dîne quelquefois chez nous !
» Mais la figure la plus abominable n’aurait pu me causer une horreur plus profonde que ce même Coppelius. — Figure-toi un grand homme à larges épaules, avec une tête difforme de grosseur, un visage d’un jaune terreux, des sourcils gris très-épais sous lesquels brillent deux yeux de chat, verdâtres et perçants, avec un long nez recourbé sur la lèvre su-