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M. Lutkens déposa sa plainte, et la vieille fut arrêtée et mise en prison. Mais elle nia d’abord tout obstinément jusqu’à ce qu’on l’appliquât à la question ; alors, ne pouvant résister à l’excès de la douleur, elle avoua que depuis long-temps, et de concert avec le démon, elle avait pratiqué la magie et les maléfices, qu’elle avait positivement ensorcelé la pauvre madame Lutkens, et avait substitué un monstre affreux à l’enfant qu’elle portait dans son sein, mais qu’en outre elle avait plusieurs fois, avec deux autres sorcières de Blumberg, auxquelles le diable avait récemment tordu le cou, tué et fait bouillir des enfants catholiques, dans le but de provoquer la disette dans le pays.

D’après le jugement, qui ne se fit pas attendre, la vieille sorcière fut condamnée à être brûlée vive sur la place du Marché-Neuf.

Le jour de l’exécution arrivé, l’on conduisit la vieille Barbara, au milieu d’une foule immense, à la place du Marché, et on la fit monter sur le bûcher dressé à cet effet. On lui ordonna d’ôter la belle pelisse dont elle était revêtue, ce qu’elle refusa de faire, et si opiniâtrement que les valets du bourreau furent obligés de l’attacher au poteau dans cet accoutrement.

Déjà le bûcher s’enflammait aux quatre coins, quand on aperçut l’étranger qui dominait comme un géant toute la foule, et lançait du côté de la vieille des regards étincelants.

D’épais nuages de fumée s’élevaient déjà, et les flammes allaient atteindre les vêtements de la vieille...