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s’expliquer ses procédés singuliers envers l’étranger. En conséquence, ils lui défendirent de remettre les pieds sur le seuil de leur porte, et ils choisirent une autre sage-femme.

La vieille Barbara Rolloffin se mit sur cela dans une grande colère, et s’écria que M. Lutkens et sa femme se repentiraient amèrement de l’injustice dont ils la rendaient victime.

M. Lutkens vit toutes ses espérances détruites, et sa joie se changea en un chagrin mortel, quand, au lieu du joli garçon dont Barbara Rolloffin avait prophétisé la venue, sa femme mit au monde une créature horrible. Ce petit monstre avait la peau brune comme une châtaigne, de gros yeux saillants, point de nez, une paire de cornes, une bouche démesurée, une langue blanchâtre et contournée, et point de cou. Sa tête était adhérente entre les deux épaules. Son corps était gonflé et rugueux ; il avait des cuisses longues et maigres et des bras atteignant à peine ses reins.

M. Lutkens se désolait et se lamentait beaucoup. « Oh, juste ciel ! s’écria-t-il, à quoi faut-il s’attendre ? Cet enfant pourra-t-il jamais suivre les honorables traces de son père ? A-t-on jamais vu un conseiller avec une peau de châtaigne et deux cornes sur la tête ? »

L’étranger consola de son mieux le pauvre M. Lutkens. « Une bonne éducation, disait-il, a beaucoup d’influence. » Et nonobstant la forme et la figure du nouveau-né, qui n’étaient guère orthodoxes à la vérité, il osait affirmer qu’à l’aide de ses gros yeux, il