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qu’il soulage, la philantropie devrait modérer leur orgueilleuse critique ou leur intolérance, etc. » (Biographie littéraire des romanciers célèbres, par Walter Scott.)

Il n’est pas une de ces réflexions qui ne s’applique exactement aux écrits d’Hoffmann, pas un de ces éloges auquel on ne puisse faire valoir ses droits, pas un de ces arguments qu’on ne puisse revendiquer en sa faveur. Anne Radcliffe fut aussi, comme lui, l’objet de fables ridicules. On en fit une aventurière allant évoquer au fond des vieux donjons en ruine et des cavernes sauvages, les héros et les idées de ses terribles narrations ; on alla jusqu’à répandre le bruit que sa raison s’étant aliénée par suite de l’impression funeste de ses propres fictions, elle occupait une cellule dans un hôpital de fous, en proie aux plus effrayantes visions et à des accès continuels de terreur spontanée. Or, personne ne mena jamais une vie plus calme et plus douce que l’auteur des Mystères d’Udolphe, qui demeura vingt ans silencieuse et solitaire après la publication de son dernier ouvrage, exclusivement consacrée aux occupations et aux tranquilles plaisirs du foyer domestique ; et Walter Scott, qui a pris soin de réfuter ces calomnies absurdes auxquelles trop de gens encore ajoutent aveuglément foi, convient même qu’il en a été la dupe pendant long-temps. Comment cette expérience ne l’a-t-elle pas rendu plus circonspect à l’égard d’un étranger qu’il était encore moins en position de bien juger ?

Du reste, Hoffmann lui-même, comme s’il eût prévu les injustes préventions dont il serait un jour