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BARBARA ROLLOFFIN.

En l’année mil cinq cent cinquante et une, on remarqua dans les rues de Berlin, surtout à l’heure du crépuscule et durant la nuit, un homme d’un extérieur distingué. Il portait un élégant pourpoint garni de zibeline, un haut-de-chausses très-ample et des souliers fendus dans toute leur longueur. Sa tête était couverte d’une belle barrette en velours ornée d’une plume rouge.

Il avait des manières courtoises et prévenantes, saluant poliment tout le monde, mais particulièrement les dames et les demoiselles, à qui il adressait même des propos flatteurs et galamment tournés. Ainsi il disait aux dames de qualité : « Que votre grâce daigne transmettre ses ordres à son très-humble serviteur, et lui confier les souhaits de son âme, pour qu’il puisse employer ses faibles moyens à leur accomplissement. » Et s’il parlait aux demoiselles : « Que le ciel, disait-il, vous donne un époux vraiment digne de vos attraits et de vos vertus. »