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des passions, les fictions extravagantes et improbables d’une imagination exaltée. — Quand on veut être juste, on s’aperçoit bientôt que cette critique tient à cet esprit déprédateur qui cherche à détruire la réputation d’un écrivain en lui refusant les qualités qui appartiennent à un genre de composition tout-à-fait différent de celui qu’il a choisi.7 Mais la question n’est pas si les romans dont il s’agit ont l’espèce de mérite que leur plan n’exigeait pas et qu’il excluait même, ni si le genre choisi par l’auteur a l’importance et la dignité de ceux illustrés par d’autres talents supérieurs. L’unique point à décider est de savoir si, considéré comme genre nouveau, le roman de mistress Radcliffe a son mérite spécial, et est susceptible de charmer le lecteur. — Or, la curiosité, le désir du mystère, et un germe secret de superstition, sont au nombre des éléments de l’esprit humain, et l’écrivain a d’autant plus le droit de faire appel à ces sentiments, même à l’exception des autres, qu’il s’impose en cela une tâche plus difficile et plus délicate. — Peut-être pourrait-on comparer ces sortes d’ouvrages à certains baumes qui deviendraient funestes pris habituellement et constamment, mais dont l’effet est presque miraculeux dans certains moments de langueur. Si ceux qui condamnent ce genre de composition indistinctement, réfléchissaient sur la somme de plaisirs réels qu’il procure, et de chagrins


7. Sir Walter Scott n’en fait pas moins un crime à Hoffmann de n’avoir pas transformé ses contes en nouvelles historiques.