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dait à recevoir la nouvelle de la conclusion du mariage, quand il lui parvint, au contraire, une lettre cachetée de noir, dont l’adresse était écrite par une main étrangére.

Le docteur R*** annonçait au conseiller qu’Angela était tombée dangereusement malade des suites d’un refroidissement gagné sur le théâtre, et qu’elle avait succombé dans la nuit même qui précédait le jour fixé pour les noces d’Antonia. Le docteur ajoutait qu’Angela lui avait confié que Krespel était son mari et le père d’Antonia ; il l’engageait donc à se hâter de recueillir la pauvre jeune fille. — Bien que le conseiller fût vivement ému de la mort d’Angela, bientôt après, il lui sembla que sa vie était délivrée d’un principe de trouble et de contrariétés, et qu’il commençait, de ce moment, à respirer à l’aise. Il partit le même jour pour F.... Vous ne sauriez croire de quelle manière saisissante le conseiller me décrivit sa première entrevue avec Antonia. Dans la bizarrerie même de ses expressions, éclatait une puissance singulière d’effet dramatique, dont je ne suis pas capable de vous donner seulement l’idée. — Toute l’amabilité, toute la grâce d’Angela étaient échues à Antonia, mais abstraction faite de l’ombre de ses défauts. Nulle part ne se trahissait la moindre trace du pied fourchu. Le jeune fiancé se trouvait présent. Antonia, par une inspiration délicate et une justesse d’à propos qui surprit son père, extraordinaire dans ses sentiments les plus intimes, se mit à chanter un des motets du vieux