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— En jetant un cri d’horreur et de malédiction, et en appelant Annunziata ! il se précipita dans les galeries du palais. Personne ne songea à l’arrêter, les gardes le virent passer sans rien dire, encore stupéfaits de l’horrible catastrophe. La vieille parut alors à sa rencontre clopinant, pleurant et gémissant ; elle le prit par la main, et quelques pas plus loin, ils entrèrent dans la chambre d’Annunziata. La pauvre jeune femme était sans connaissance sur les coussins. Antonio se jeta à ses pieds, il couvrit ses mains de baisers brûlants, il lui prodiguait les noms les plus doux et les plus tendres. Enfin elle ouvrit lentement ses yeux célestes, elle aperçut Antonio. — D’abord elle sembla recueillir ses souvenirs, mais tout d’un coup elle se leva, l’enlaça dans ses bras, le pressa contre son sein, l’inonda de ses larmes brûlantes, couvrit ses joues, ses lèvres d’ardents baisers. — « Antonio ! — mon Antonio ! je t’aime d’un amour inexprimable. — Oui, il y a encore une providence ! — Qu’est-ce que la mort d’un oncle, d’un père, d’un époux, devant le bonheur d’être aimé de toi ! — Ô fuyons… cette sanglante cité de la mort. » — Ainsi parlait Annunziata, en proie, à la fois, à la plus déchirante douleur et à l’amour le plus passionné. À travers leurs larmes et des baisers sans nombre, les deux amants se juraient une constance éternelle. Ils oubliaient les affreux événements de ces jours funestes : d’un regard oublieux de la terre, ils contemplaient ce ciel pur que la révélation de l’amour leur avait ouvert.

La vieille conseillait de fuir à Chiozza6. Antonio