la cour du fontego qu’il fui exécuté. — Tu ne vivrais plus toi-même sans la fidéle Margareta qui te sauva. — Moi, l’ami le plus intime de ton père, je te recueillis, et pour t’empêcher de te trahir toi-même vis-à-vis des agents de la seigneurie, on te cacha le nom de ta famille. Mais maintenant, maintenant Antoine Dalburger ! — le temps est venu, prends les armes, et venge sur les chefs de la seigneurie la mort inique de ton père. »
Antonio, animé de l’instinct de la vengeance, jura fidélité aux conjurés et répondit d’un courage à toute épreuve.
On sait que l’injure essuyée par Bertuccio Nenolo de la part du directeur des armements maritimes, Dandolo, qui dans une dispute l’avait frappé au visage, le décida à se liguer avec son gendre ambitieux contre la seigneurie. Nenolo et Bodoeri souhaitaient tous les deux que Falieri parvint au pouvoir absolu, pour partager sa fortune. — On devait, d’après le plan des conjurés, répandre la nouvelle que la flotte génoise était dans les lagunes ; puis dans la nuit sonner la grande cloche de Saint-Marc, et appeler la ville à une défense imaginaire. À ce signal les conjurés, dont le nombre était considérable et disséminé dans toute la ville, devaient occuper la place Saint-Marc, s’emparer des postes principaux, égorger les chefs de la seigneurie et proclamer le doge duc suprême de Venise. Mais le ciel ne permit pas que ce complot meurtrier réussit et que l’antique constitution de l’état fût renversée dans la poussière pour céder la place à l’ambition effrénée de l’arrogant Falieri.