Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/215

Cette page n’a pas encore été corrigée

ineffable extase ! Tout à coup une voix claire retentit dans le bois : Annunziata ! Annunziata ! — ‹ Il faut que je parte, cher enfant, mon doux ami ! ma mère m’appelle, › murmura la jeune fille. Une douleur indicible s’empara de moi : ‹ Ah ! je t’aime tant ! › dis-je en sanglotant ; je sentis des larmes brûlantes tomber de ses beaux yeux sur mes joues. ‹ Mon cœur t’aime aussi tendrement, cher enfant ! › dit-elle en imprimant un dernier baiser. — Annuuziata ! cria-t-on de nouveau, et la jeune fille disparut dans le taillis ! — Vois-tu, Margareta, ce fut alors que l’amour alluma dans mon âme cette vive étincelle, qui, brûlant sans cesse d’une nouvelle flamme, me consumera jusqu’au tombeau ! — Peu de jours après cette rencontre, je fus chassé de la maison. Le père Blaunas, à qui je ne me lassais pas de parler de l’apparition de cet enfant angélique, dont je croyais entendre la voix si douce dans le frémissement des feuilles, dans le murmure des fontaines, dans le bruit mystérieux des vagues ; — eh bien, le père Blaunas m’assura que la jeune enfant devait être certainement la fille de Nenolo, Annunziata, amenée à la maison de campagne par sa mère Francesca, et repartie le lendemain. — Ô ma mère, — Margareta ! — que le ciel m’assiste ! — cette Annunziata…, c’est la dogaresse ! » — À ces mots Antonio, saisi d’une horrible angoisse, se cacha en gémissant et en pleurant sous ses oreillers.

« Mon cher Tonino, dit la vieille, remets-toi, surmonte avec courage cette douleur insensée. Eh ! faut-il sitôt désespérer dans les chagrins d’amour ?