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ment ; la femme qui veillait sur moi accourut tout-à-coup, elle m’enleva de mon lit, me ferma la bouche, m’enveloppa dans un drap, et s’enfuit avec moi. — Depuis cet événement mes souvenirs se perdent. Je me retrouve plus tard dans une maison magnifique située dans un pays des plus riants. Je me retrace la figure d’un homme que j’appelais du nom de père et qui était un seigneur accompli, à l’air noble et bienveillant ; il parlait italien ainsi que tous les habitants de la maison. J’avais cessé de le voir depuis plusieurs semaines, quand des étrangers de mauvaise mine vinrent un jour chez nous, ils firent un grand vacarme et mirent tout en désordre. En me voyant ils me demandèrent qui j’étais et ce que je faisais dans la maison. — Mais je suis Antonio, le fils de la maison. À cette réponse ils me rirent au nez, me dépouillèrent de mes beaux habits, et me pourchassèrent hors du logis avec menace de me recevoir à coups de bâton si j’osais y reparaître. Je me sauvai en poussant de grands gémissements. À cent pas environ de la maison, je rencontrai un homme âgé que je reconnus pour un domestique de mon père adoptif. ‹ Viens, Antonio, dit-il en me prenant par la main, viens, Antonio, pauvre garçon ! cette demeure nous est fermée à jamais à tous deux. Il faut que nous tâchions à présent de voir où nous trouverons un morceau de pain. ›

» Le vieux m’emmena avec lui. Il n’était pas aussi pauvre qu’on pouvait le supposer d’après ses méchants habits. À peine arrivé où il me mena, je le vis tirer plus d’un sequin de son pourpoint déchiré,