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dois tout, déposez ce masque qui vous défigure, que je connaisse vos traits et que Formica cesse enfin d’être un mystère pour moi. »

Pasquarello ôta sa coiffe et son masque ingénieusement fabriqué qui simulait un visage naturel, sans faire perdre aucun jeu de physionomie, et dans Formica, dans Pasquarello, l’on reconnut Salvator Rosa.

« Salvator ? » s’écrièrent, frappés de surprise, Marianna, Antonio et Capuzzi.

« Oui, disait cet homme rare, oui, c’est Salvator Rosa que les Romains dépréciaient comme peintre et comme poète, et à qui ils prodiguèrent chaque soir, durant une année, des applaudissements frénétiques, sans se douter que le Formica du misérable théâtre de Nicolo Musso, qui leur adressait impunément tant de sarcasmes et châtiait si haut leur mauvais goût, fût ce même Salvator, dont ils ne voulaient souffrir ni les vers, ni les tableaux qui proclamaient les mêmes maximes. C’est Salvator Formica, mon cher Antonio, qui t’est venu en aide.—

« Salvator ! se prit à dire le vieux Pasquale, Salvator Rosa ! autant j’avais conçu de haine pour vous comme mon ennemi le plus acharné, autant, croyez-le, j’ai toujours professé d’estime pour votre mérite. Mais aujourd’hui je vous aime comme mon plus parfait ami, et même j’ose vous conjurer de vouloir bien vous intéresser en ma faveur.

« Parlez, répondit Salvator, mon digne signor