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toi ! exécrable assassin de mon enfant ! l’enfer te réserve le châtiment de ton forfait. »

À ces mots le Capuzzi déguisé tomba par terre comme frappé par la foudre ; mais, au même moment, le véritable Capuzzi fut aussi renversé de son siége absolument sans connaissance.

Le théâtre se referma soudain, et Marianna, et le feint Capuzzi, et le spectre menaçant de Pietro, tout avait disparu ; mais signor Pasquale Capuzzi restait évanoui, et l’on eut beaucoup de peine à lui faire reprendre ses sens.

Enfin, il revint à lui avec un profond soupir, étendit devant lui ses deux bras comme pour repousser l’objet de son épouvante, et cria sourdement : « Pietro !… de grâce ! laisse-moi. »

Alors un torrent de larmes s’échappa de ses yeux, et d’une voix entrecoupée de sanglots : « Ah ! Marianna, disait-il, chère et aimable enfant ! ma Marianna.

« Mais, signor Pasquale, lui disait Cavalcanti, rappelez-vous que ce n’est que sur le théâtre que vous avez vu votre nièce morte ; elle vit, elle est ici, prête à implorer votre pardon, pour l’imprudente démarche que lui ont suggérée son amour et peut-être aussi vos procédés irréfléchis. »

Alors Marianna s’approcha suivie d’Antonio Scacciati, et se jeta aux pieds du vieux Capuzzi, qu’on avait fait asseoir dans un fauteuil. Marianna avec une grâce incomparable prit ses mains, les couvrit de ses pleurs, de baisers ardents, et demanda grâce